Loin de l’éternelle promenade au Champ de Mars, de l’ascension de la Tour Eiffel ou de la visite du Dôme des Invalides, prenez les chemins de traverse qui sillonnent l’est du 7e arrondissement, à la découverte de coins de verdure paisibles et moins fréquentés.
A la sortie du métro Sèvres-Babylone, frayez-vous un chemin dans l’animation de la place Le Corbusier en direction de la très commerçante rue de Sèvres. A gauche, les pavés de l’impasse Récamier mènent à un petit oasis végétal à deux pas de l’Espace Electra, lieu d’exposition de la Fondation EDF. Jardin à l’anglaise, le square Récamier est composé de petites buttes et de recoins secrets où poussent en bouquets odorants magnolias, rhododendrons, azalées et fuchsias… A l’ombre du grand hêtre pleureur, lycéens et amoureux transis viennent ici échanger des serments pour la vie.
Quittez le jardin pour rebrousser chemin en direction de la rue de Babylone et du Bon Marché. Dans le square, la statue en marbre blanc de Mme Boucicaut, l’épouse du fondateur du Bon Marché, veille toujours sur les enfants qui jouent. Surplombant le square, la charpente métallique du tout premier grand magasin de Paris, fondé en 1852, est signée Gustave Eiffel. Aujourd’hui, le Bon Marché, à l’ambiance luxueuse et feutrée, n’a plus rien à voir avec la ruche effervescente qui inspira Emile Zola dans Au bonheur des dames !
Continuez dans la longue et rectiligne rue de Babylone. Face au n° 36 et à l’impénétrable parc de l’Hôtel Matignon, le jardin Catherine Labouré, du nom d’une jeune paysanne à qui la Vierge serait apparue en 1830, se cache derrière de hauts murs. Son tracé en forme de croix nous rappelle qu’il fut autrefois le potager du cloître des Filles de la Charité. Les fonctionnaires des ministères alentour, les enfants du quartier et les joggers en goguette se partagent ses larges pelouses et sa pergolaenvahie de pieds de vigne. Véritable verger, les gourmands y trouvent pêle-mêle cerisiers, pommiers et groseilliers. Si les arbres fruitiers vous sont trop familiers, poussez donc un peu plus loin, au 57 bis de la rue de Babylone: dépaysement assuré. Avec son minuscule jardin japonais, le cinéma La Pagode est un haut lieu du Paris exotique. Une halte à l’ombre du pavillon de style chinois, édifié en 1896 par Madame Boucicaut, suffira à vous rendre zen pour la journée.
Continuez jusqu’à la place André-Tardieu et remontez le boulevard des Invalides qui longe le parc du musée Rodin.A droite dans la rue de Varenne,le magnifique hôtel Biron vous ouvre grand ses portes. C’est dans ce cadre magnifique et propice à la promenade que plus de 500 sculptures de Rodin sont exposées. De la Danaïdeau Baiser,des monumentaux Bourgeois de Calais au célébrissime Penseur, les marbres, bronzes et autres plâtres semblent avoir trouvé ici leur socle idéal. Dans le parc, sensualité et poésie ne sont pas en reste. Evadez-vous au creux des petits chemins sinueux, sous les grands arbres du domaine d’Orphée ou le long du bassin qui précède les trois arches végétales, au fond du jardin. Si le soleil est de la partie,joignez-vous aux habitués qui font bronzette au bout du parc, allongés sur des transats.
En sortant du musée,allez tout droit dans la rue de Bourgogne, puis à droite rue de Grenelle. En face de la Cité Martignac, havre pavé et résidentiel, la rue du même nom guide les pas du promeneur au pied de la basilique néogothique Sainte-Clotilde. Le petit square Samuel- Rousseau vous offrira un dernier bol d’air avant de retrouver les vapeurs du métro, station Solférino.
(Source: à Paris Juillet/Aout/Septembre 2005)